Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
vive les sociétés modernes - abécédaire
7 octobre 2013

U comme Urgence(s)

 

L’urgence a un rapport avec le corps, sa souffrance, sa vie, en question. La consultation de Google ramène en premier l’adresse d’un….café parisien. La soif est, en effet, ressentie de manière particulièrement désagréable, dont l’apaisement se présente comme une urgence.

Descartes, m’a signalé Pierre Gautier, s’est penché sur l’urgence comme  situation, et  a relevé l’impropriété du débat ordinaire, à son propos.

Quant au dictionnaire historique de la langue française, il n’ajoute aucune précision déterminante. L’origine du mot s’apparenterait au travail, le work anglais, le werk  allemand. Mais son sens s’est spécialisé comme pressé, ne pouvant attendre.

L’urgence est donc maintenant associée à tout événement pouvant affecter l’intégrité ou la vie d’humains : les accidents de toutes sortes, les incendies, les catastrophes naturelles, les épidémies de maladies contagieuses, les faits de terrorisme et de guerre.

Elle n’est plus improvisée, mais fait l’objet d’un savoir particulier, de mise en sécurité, de premiers soins, de réanimation. D’une organisation permanente, dédiée à la situation, immédiatement disponible. La formation des personnels, leur équipement sont prioritairement enrichis en fonction de l’apparition de solutions nouvelles , ou de situations faisant apparaître un besoin imprévu, dont l’insatisfaction doit rester unique.

 La professionnalisation, la spécialisation, l’autonomie de décision, l’obsession de la prévention, constituent les particularités modernes de l’urgence, dans nos sociétés perfectionnistes.

 

Yves Leclercq

Publicité
Publicité
Commentaires
P
En matière religieuse je comprends ainsi la position de Descartes: la question de savoir quelle est la vraie religion (question qui ne doit pas être confondue avec celle de l'existence de Dieu*) ne pouvant recevoir de réponse certaine, la sagesse consiste à "retenir constamment (garder avec constance) la religion en laquelle Dieu m'a fait la grâce d'être instruit dès mon enfance" ("Discours"). <br /> <br /> <br /> <br /> * qui peut quant à elle selon Descartes être résolue d'une manière qui ne souffre pas le doute.
M
Nous partageons la perplexité de Senik et de JCH sur le sens à donner à l'extrait du "Discours de la Méthode". Descartes recommande, quand une décision est nécessaire, (urgente ?) de choisir la voie qui semble la meilleure et, si aucune ne se distingue , d'en choisir au moins une. Il ajoute qu'il convient de s'y tenir "contre vents et marées".<br /> <br /> <br /> <br /> Mais de deux choses l'une:<br /> <br /> - Ou nous n'avons par la suite aucune information qui puisse nous amener à reconsidérer notre choix, et il parait en effet sage de ne pas se lancer dans une valse-hésitation, (se comporter comme l'âne de Buridan n'a jamais été constructif),<br /> <br /> - Ou nous nous rendons compte que notre décision n'était pas la meilleure ; il faut alors reconnaître notre erreur , et, dans la mesure du possible, la corriger.<br /> <br /> <br /> <br /> Nous ne pouvons pas croire que Descartes ait pensé qu'une opinion fût "vraie", seulement parce qu' on y a adhéré et qu'on l'a mise en œuvre.<br /> <br /> A moins que , (mais nous faisons peut-être un contresens), Descartes, élevé par les jésuites, fréquentant et correspondants avec des protestants ,hollandais et suédois entre autres, ait, à mots couverts, exprimé qu'il convient de persévérer dans sa religion, et la considérer comme "vraie" malgré les objections qu'il aurait lui-même pu faire, que la raison aurait pu suggérer.<br /> <br /> Les guerres de Religion n'étaient en effet pas si lointaines, et on peut comprendre que ,comme Montaigne quelques décennies plus tôt, il lui ait paru "urgent" de faire montre d'une grande prudence dans ce domaine.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais nous voilà bien loin des urgences médicales !
J
Mille excuses: je reviens au mot à mot dans cette langue française classique qui d'habitude ne me pose que des difficultés que je peux résoudre.<br /> <br /> Si je suis bien le commentaire explicatif de Gilson, c'est donc que "telle" renvoie à "très vraie(s) et très certaine(s)"; Il y aurait donc une raison "très vraie et très certaine" qui nous mène à des choix dans lesquels la raison à proprement parler ne rentre que peu. C'est d'ailleurs vrai qu'on a toujours une ou plusieurs "bonnes raisons" de choisir quand on le fait en médiocre connaissance de cause..;<br /> <br /> De là je retire... que la formulation retenue par Descartes est quand même assez enchevêtrée...<br /> <br /> que ce qu'écrit Gilson est bien plus clair...<br /> <br /> que cet aperçu de la pensée cartésienne rompt avec l'image de rigueur rationnelle et inébranlable que l'on retient parfois de sa pensée....<br /> <br /> que sans doute dans le domaine de la connaissance il a pu penser que la certitude bien assurée était davantage à la portée de l'entendement...<br /> <br /> mais que pour reprendre la suggestion formulée in petto par Sénik, il vaut mieux garder un peu d'inquiétude sur la validité de ce qu'on a choisi en ignorance de cause... et peut-être aussi s'interroger de temps en temps sur les éventuelles limites de la connaissance qu'on croyait avoir de la cause!
P
Je recopie l'explication donnée par Etienne Gilson, dans son édition du Discours chez Vrin, de la difficulté pointée par JCH et Senik:<br /> <br /> "L'opinion théoriquement la plus douteuse doit être suivie lorsque les exigences de la pratique requièrent une décision immédiate et que l'on n'en connait pas qui soit plus certaine. A partir du moment où nous l'adoptons bien qu'elle reste théoriquement douteuse pour notre entendement, notre volonté doit s'y tenir aussi inflexiblement que si elle était évidemment vraie. Et même on peut dire qu'elle est, en effet, très vraie et très certaine par rapport à notre volonté, puisque notre entendement n'en connaissant pas de meilleure, nous n'avons aucune raison d'en changer."
S
la difficulté de lire ce texte de philo n'est pas due à un problème de traduction puisque le Discours a été écrit en français. mais peut-être d'un état de la langue.
vive les sociétés modernes - abécédaire
  • Cet abécédaire est élaboré progressivement. Les contributions proviennent d'horizons (professionnels, disciplinaires, philosophiques...) divers. Il voudrait être un témoignage sur notre époque.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Publicité