U comme l'Universalisme (des sociétés modernes)
L’une des sources principales de la modernité se trouve dans le triomphe des principes du droit naturel selon lequel tous les hommes ont même nature et mêmes droits. Est universaliste une idée qui s’applique à tous les humains.
La déclaration des droits de l’homme de 1789 est universaliste puisqu’elle commence par « Les hommes » au sens de genre humain.
Elle est universaliste par sa portée, son extension, alors qu’elle a une source locale, de même que la géométrie.
On peut faire remonter cet universalisme à la phrase principale de la Bible « Dieu a fait l’homme à son image »
L’universalisme – l’universalité des droits naturels- a soulevé de nombreuses questions:
Qu’y a-t-il d’identique chez tous les humains, qui impose qu’on les respecte tous sans exception ?
La meilleure réponse à mes yeux est que cette identité de nature est indépendante de toute condition et n’a pas besoin de justification. Tous les enfants d’humains sont des humains de plein droit. Même les fous, les malades et même les morts. Mais même les embryons ? Aïe !
Cet universalisme est le moyen symbolique le plus solide de protéger l’espèce contre sa violence interne.
Autre question : que faire quand l’universalisme des uns se heurte au refus des autres ? Quand l’universalisme n’est pas universel ? Quand les droits de l’homme que les uns jugent universels en droit ne le sont pas en fait ?
La réponse de principe est qu’il faut distinguer les différences tolérables et celles qui ne le sont pas. Ce qui est intolérable à un universaliste, c’est la violation de la volonté de certains êtres humains. Oui, mais s’il paraît normal à certaines femmes d’être excisées ? On ne peut pas défendre leurs droits naturels contre leur droit de vivre à leur guise.
Dernière question essentielle : quelle place l’universalisme laisse-t-il aux différences culturelles, aux particularismes ?
Il existe un courant qui prône un universalisme anthropologique, et qui considère tout particularisme comme une offense à la condition humaine. Il se réfère parfois à l’universalité de la raison, qui ferait l’essence de l’homme.
Je considère cet universalisme anthropologique comme contraire à l’universalité des droits, qui implique le droit à la différence. Ce point de vue éradicateur confond l’universalité des droits et l’identité universelle des façons de vivre.
Il faudrait donc entendre par universalisme des droits que les humains naissent tous également humains quelles que soient leurs différences dans la façon d’être humain. L’humanisme a pour devise « rien de ce qui est humain ne m’est étranger. »
André Senik