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vive les sociétés modernes - abécédaire
26 septembre 2013

U comme l'Universalisme (des sociétés modernes)

L’une des sources principales de la modernité se trouve dans le triomphe des principes du droit naturel selon lequel tous les hommes ont même nature et mêmes droits. Est universaliste une idée qui s’applique à tous les humains.

La déclaration des droits de l’homme de 1789 est universaliste puisqu’elle commence par « Les hommes » au sens de genre humain.

Elle est universaliste par sa portée, son extension, alors qu’elle a une source locale, de même que la géométrie.

On peut faire remonter cet universalisme à la phrase principale de la Bible «  Dieu a fait l’homme à son image »

L’universalisme – l’universalité des droits naturels- a soulevé de nombreuses questions:

 

Qu’y a-t-il d’identique chez tous les humains, qui impose qu’on les respecte tous sans exception ?

La meilleure réponse à mes yeux est que cette identité de nature est indépendante de toute condition et n’a pas besoin de justification. Tous les enfants d’humains sont des humains de plein droit. Même les fous, les malades et même les morts. Mais même les embryons ? Aïe !

Cet universalisme est le moyen symbolique le plus solide de protéger l’espèce contre sa violence interne.

 

Autre question : que faire quand l’universalisme des uns se heurte au refus des autres ? Quand l’universalisme n’est pas universel ? Quand les droits de l’homme que les uns jugent universels en droit ne le sont pas en fait ?

La réponse de principe est qu’il faut distinguer les différences tolérables et celles qui ne le sont pas. Ce qui est intolérable à un universaliste, c’est la violation de la volonté de certains êtres humains. Oui, mais s’il paraît normal à certaines femmes d’être excisées ?  On ne peut pas défendre leurs droits naturels contre leur droit de vivre à leur guise.

 

Dernière question essentielle : quelle place l’universalisme laisse-t-il aux différences culturelles, aux particularismes ?

Il existe un courant qui prône un universalisme anthropologique, et qui considère tout particularisme comme une offense à la condition humaine. Il se réfère parfois à l’universalité de la raison, qui ferait l’essence de l’homme.

Je considère cet universalisme anthropologique comme contraire à l’universalité des droits, qui implique le droit à la différence. Ce point de vue éradicateur confond l’universalité des droits et l’identité universelle des façons de vivre.

Il faudrait donc entendre par universalisme des droits que les humains naissent tous également humains quelles que soient leurs différences dans la façon d’être humain. L’humanisme a pour devise « rien de ce qui est humain ne m’est étranger. »

 

André Senik

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Commentaires
J
Esprit de l'escalier...<br /> <br /> <br /> <br /> Bah, j'avais deux ou trois trucs à dire... mais le temps a passé.<br /> <br /> Tant pis, j'y reviens quelques jours après...<br /> <br /> <br /> <br /> * Que serait le contraire de l'universalisme... sinon le particularisme? Le socle de l'universalité des droits de l'homme est-il seulement dans le fait de ne pas porter atteinte aux droits d'autrui? Cette définition porte sur un point certes indispensable mais il me semble aussi nécessaire de lutter contre le culte des particularités, des spécificités et autres différences...<br /> <br /> <br /> <br /> *C'est en ce ses que la fameuse vieille maxime de l'humanisme empruntée aux anciens trouve toute sa dignité. Elle ne signifie pas que nous devons absolument admirer tout ce qui a pu germer dans la diversité des esprits humains ni trouver tous les usages par définition tolérables parce qu'humains. Mais elle rappelle que rien ne limite notre droit à connaître ce qui est ou a été d'ordre humain: aucun interdit porté par des "croyants" ne doit nous empêcher de connaître, voire comprendre ou même admirer ce qui témoigne de l'humanité d'autres humains "infidèles". Aucun oukase, aucune conviction scientifique, aucun effet de mode dominant ne doit faire écran à notre désir, notre besoin de mieux connaître ce qui est d'ordre humain. Cet humanisme qui s'affirme de manière exemplaire chez Montaigne et qui le mène à écrire des pages fascinantes sur la diversité des usages ne l'amène cependant pas à prétendre que tous se vaudraient. <br /> <br /> <br /> <br /> *La discussion, je le vois bien, a beaucoup plus porté sur les excisions... que sur la notion même d'universalisme. Excisions et infibulations typiquement "humaines" parce que liées à des usages répandus dans des sociétés humaines... mais que nous considérons comme odieusement "inhumaines" parce qu'elles portent atteinte à l'intégrité, à la dignité, à la santé même de personnes humaines. Pour condamner ces pratiques; l'accord semble se faire dans les commentaires. Et tant mieux... Mais je signale qu'après un juge allemand c'est le législateur suédois qui examine la possibilité de condamner la circoncision comme pratique contraire aux droits de l'homme imposée à des enfants qui ne sont ni en âge ni en état de la demander. Quelque chose me dit que cette manière d'appréhender la question ne recueillera pas le même assentiment que la condamnation de l'excision!<br /> <br /> <br /> <br /> *Cet abécédaire trouve sa place sur le blog des sociétés modernes... mais on n'a guère non plus parlé de modernité à propos de cet universalisme présenté par Sénik. Il me semble pourtant que si les sociétés modernes sont des sociétés dont la référence ultime ne saurait plus être le particularisme local ou national, ni une commune foi religieuse, ni un commun espoir de bâtir un monde nouveau... mais une conviction partagée que la loi, le progrès et la démocratie peuvent permettre de mieux vivre et de mieux vivre ensemble, alors les sociétés modernes doivent prôner et faire partager l'universalisme.<br /> <br /> Et en cela je leur accorderai au moins un satisfecit. Par les voyages désormais tellement plus faciles, par l'abondance des témoignages recueillis et diffusés, par la multiplicité des reportages et documentaires, par l'abondance des œuvres traduites ou adaptées mises en circulation, disponibles sur les rayons des bibliothèques, proposées dans les programmes des chaînes de télévision, sur les écrans des cinémas etc... nous avons accès à tellement plus de formes de l'activité et de l'existence des humains de toute sorte que ne pouvaient en connaître et nos parents, et Montaigne, et Térence que l'on peut au moins sur ce point dire "vive les sociétés modernes"! <br /> <br /> Evidemment, ce qui nous est donné à voir n'est pas toujours propre à plonger dans l'euphorie. Devant les corps tirés de la mer à Lampedusa, devant les larmes du maire de l'île, devant la douleur des proches des gazés de Syrie... ma propre émotion n'illustre t-elle pas que « rien de ce qui est humain ne m’est étranger. »?
J
Esprit de l'escalier...<br /> <br /> <br /> <br /> Bah, j'avais deux ou trois trucs à dire... mais le temps a passé.<br /> <br /> Tant pis, j'y reviens quelques jours après...<br /> <br /> <br /> <br /> * Que serait le contraire de l'universalisme... sinon le particularisme? Le socle de l'universalité des droits de l'homme est-il seulement dans le fait de ne pas porter atteinte aux droits d'autrui? Cette définition porte sur un point certes indispensable mais il me semble aussi nécessaire de lutter contre le culte des particularités, des spécificités et autres différences...<br /> <br /> <br /> <br /> *C'est en ce ses que la fameuse vieille maxime de l'humanisme empruntée aux anciens trouve toute sa dignité. Elle ne signifie pas que nous devons absolument admirer tout ce qui a pu germer dans la diversité des esprits humains ni trouver tous les usages par définition tolérables parce qu'humains. Mais elle rappelle que rien ne limite notre droit à connaître ce qui est ou a été d'ordre humain: aucun interdit porté par des "croyants" ne doit nous empêcher de connaître, voire comprendre ou même admirer ce qui témoigne de l'humanité d'autres humains "infidèles". Aucun oukase, aucune conviction scientifique, aucun effet de mode dominant ne doit faire écran à notre désir, notre besoin de mieux connaître ce qui est d'ordre humain. Cet humanisme qui s'affirme de manière exemplaire chez Montaigne et qui le mène à écrire des pages fascinantes sur la diversité des usages ne l'amène cependant pas à prétendre que tous se vaudraient. <br /> <br /> <br /> <br /> *La discussion, je le vois bien, a beaucoup plus porté sur les excisions... que sur la notion même d'universalisme. Excisions et infibulations typiquement "humaines" parce que liées à des usages répandus dans des sociétés humaines... mais que nous considérons comme odieusement "inhumaines" parce qu'elles portent atteinte à l'intégrité, à la dignité, à la santé même de personnes humaines. Pour condamner ces pratiques; l'accord semble se faire dans les commentaires. Et tant mieux... Mais je signale qu'après un juge allemand c'est le législateur suédois qui examine la possibilité de condamner la circoncision comme pratique contraire aux droits de l'homme imposée à des enfants qui ne sont ni en âge ni en état de la demander. Quelque chose me dit que cette manière d'appréhender la question ne recueillera pas le même assentiment que la condamnation de l'excision!<br /> <br /> <br /> <br /> *Cet abécédaire trouve sa place sur le blog des sociétés modernes... mais on n'a guère non plus parlé de modernité à propos de cet universalisme présenté par Sénik. Il me semble pourtant que si les sociétés modernes sont des sociétés dont la référence ultime ne saurait plus être le particularisme local ou national, ni une commune foi religieuse, ni un commun espoir de bâtir un monde nouveau... mais une conviction partagée que la loi, le progrès et la démocratie peuvent permettre de mieux vivre et de mieux vivre ensemble, alors les sociétés modernes doivent prôner et faire partager l'universalisme.<br /> <br /> Et en cela je leur accorderai au moins un satisfecit. Par les voyages désormais tellement plus faciles, par l'abondance des témoignages recueillis et diffusés, par la multiplicité des reportages et documentaires, par l'abondance des œuvres traduites ou adaptées mises en circulation, disponibles sur les rayons des bibliothèques, proposées dans les programmes des chaînes de télévision, sur les écrans des cinémas etc... nous avons accès à tellement plus de formes de l'activité et de l'existence des humains de toute sorte que ne pouvaient en connaître et nos parents, et Montaigne, et Térence que l'on peut au moins sur ce point dire "vive les sociétés modernes"! <br /> <br /> Evidemment, ce qui nous est donné à voir n'est pas toujours propre à plonger dans l'euphorie. Devant les corps tirés de la mer à Lampedusa, devant les larmes du maire de l'île, devant la douleur des proches des gazés de Syrie... ma propre émotion n'illustre t-elle pas que « rien de ce qui est humain ne m’est étranger. »?
S
Contre l'assujettissement intériorisé à une contrainte sociale et culturelle, ce que nous appelons l'aliénation, nous ne pouvons pas imposer une émancipation entendue comme adhésion à nos modèles.<br /> <br /> L'émancipation apportée par les droits de l'homme consiste à proclamer et à faire admettre que les femmes autant que les hommes naissent et demeurent libres de mener leur vie selon leur propre volonté. Cela admis, à elles de choisir.
J
la question n'est elle pas de savoir si une personne est libre quand elle accepte ce qui nous parait etre une alienation? ainsi beaucoup de femmes dans certains pays ont integre le discours qui les considere comme inferieures aux hommes. Pretendre qu'elles sont libres en acceptant de ne pas l'etre me semble non pas respecter les droits de l'homme mais plutot l'expression d'un refus d'aider autrui.<br /> <br /> la contrainte sociale est terrible.<br /> <br /> j
S
Il me semble qu'il faut préciser que la demande d'excision par des femmes adultes est pour leurs filles. Car elles sont convaincues que sans cette mutilation, leurs filles ne seront pas mariables. Le mariage ayant pour objet des maternités légitimes, et non le plaisir sexuel, la suppression de ce dernier, est une garantie (fragile) de cette préoccupation. C'est pourquoi il s'en pratique clandestinement, en France, un certain nombre. Quand les couples se retrouvent devant le tribunal, ils ne comprennent pas notre réprobation.
vive les sociétés modernes - abécédaire
  • Cet abécédaire est élaboré progressivement. Les contributions proviennent d'horizons (professionnels, disciplinaires, philosophiques...) divers. Il voudrait être un témoignage sur notre époque.
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