E comme Enfant

Enfant : mot spécifique désignant le petit d’homme. Etymologie : « qui ne parle pas » : tout un programme !

Enfant administré : déclaré, recensé, légitime, naturel, reconnu, adopté.

Enfant client, sollicité, flatté, séduit, abusé.

Enfant désiré,aimé, possédé : MON enfant

Enfant décevant, rejeté, subi : TON enfant

Enfant évalué : enfant prodige, surdoué, débile, retardé, handicapé.

Enfant évité : contraception, IVG

Enfant exigé, revendiqué. Droit à l’enfant, Procréation assistée, Adoption sans entraves.

Enfant exploité, mis au travail, prostitué.

Enfant jugé : turbulent, bruyant, insupportable, paresseux, étourdi, inattentif.

Enfant « nationalisé » : scolarisation obligatoire, droit du sol.

Enfant nié : déni de grossesse, abandon, infanticide

Enfant objet, chosifié : enfant enlevé, violé, assassiné.

Enfant protégé : droits de l’enfants, devoirs des parents. Vacciné, contrôlé.

L’enfant est-il, dans nos têtes, un sujet ?

Yves Leclercq  (psychanalyste)

Comments

[Vonvon]

Oui, si le cadre de ce qui est permis est fixé par le société, c'est pour renforcer un peu plus l'autonomie de la décision individuelle. Il n'y a plus de "politique" de la natalité, si ce n'est, comme en France, un soutien financier conséquent aux enfants, via leurs géniteurs.
En conclusion d'une réflexion sur cette question sur mon blog, j'ai écrit:" L'enfant, ce n'est plus Dieu ou la nature qui en décide, c'est moi*"

* "Moi", ce n'est que la mère, en fait.

[Jacques]

Je ne peux qu'être d'accord avec votre remarque.
Mais je voulais seulement mentionner que le développement et la légalisation des méthodes contraceptives et des I.V.G. conduisaient les sciétés modernes à concevoir les enfants (dans les divers sens de l'expression ) de manière radicalement nouvelle.
Nous ne pouvons qu'en entrevoir les premières consequences ,par exemple le chute de la natalité ou la sélection des sexes

[Vonvon]

Ce qui m'est apparu, c'est qu'il n'y avait en fait qu'un plan, celui de l'adulte, parent ou non, singulier ou pluriel (l'Autre, la société).
De plus, et votre remarque va dans ce sens, ce constat a valeur universelle, ce qui en fait... un fait de nature.
Sur ce fait de nature, le passage par l'enfance dépendante, nécessitant protection et apprentissage, se superposent des considérations qui n'ont plus grand chose à voir avec les buts naturels, et peuvent être au profit de l'adulte seul. Dans la tête d'un adulte, tout est possible (aux Pays-Bas s'est constitué un "parti" préconisant la libéralisation de la pédophilie!).
Je ne suis pas sûr que notre société moderne soit totalement "clean" sur ce point. Qu'elle ait périodiquement à procéder à des nettoyages est symptomatique.

[pierre gautier]

Peut-on vraiment mettre tous ces enfants sur le même plan?
l'enfant mis au travail et l'enfant scolarisé?
l'enfant violé ou prostitué et l'enfant sujet de droits?
Pour dire les choses autrement, il me semble que nos sociétés, même si c'est maladroitement, voire très maladroitement (l'enfant-roi), font preuve d'un souci de l'enfant qui vaut quand même la peine d'être noté: est-il si fréquent dans le monde?

[Vonvon]

Bien sûr, il s'établit un lien d'amour entre parents et enfants, plus facile de nos jours, cependant, qu'à l'époque où la procréation était plutôt un désir d'espèce. Ce qui caractérise notre temps, c'est qu'il y a séparation entre désir sexuel et procréation, qui a pris son autonomie de désir spécifique, de liberté...et de droit.
J'attire votre attention sur votre énumération de bonnes raisons. Elles expriment toutes le désir des géniteurs et le désir de l'Autre.
Mais quoi de plus naturel pour l'être parlant! Comme l'a énoncé Lacan, l'enfant est parlé avant de parler. Mais l'embryon a lui aussi un désir; celui de vivre, et il le met en forme.