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vive les sociétés modernes - abécédaire
27 mai 2007

"sociétés de travailleurs" (suite)

Nos sociétés sont donc devenues à partir du 18° siècle des sociétés de travailleurs ; « pour le meilleur et pour le pire ».

-Pour le pire, ou plutôt pour une perte très dommageable (il y a bien pire) : en investissant presque toute leur énergie et leur créativité, y compris celle de leurs élites, dans la production des biens matériels, nos sociétés ont fait largement disparaître  les activités « plus hautes et plus enrichissantes » qui pendant des siècles avaient été les seules capables de donner un sens à l’existence humaine, ainsi que les aristocraties politiques et spirituelles qui auraient pu provoquer leur restauration (Arendt Condition de l’homme moderne). Il n’y a plus d’ordres privilégiés ne se souciant point de production, mais capables d’offrir aux travailleurs des suggestions (de valeur sans doute très inégale) quant à la façon d’employer son temps une fois qu’on est libéré des tâches productives. Lorsque les « mal placés » regardent vers le haut, ils ne voient plus « que des hommes obsédés de tâches matérielles (souvent) beaucoup plus qu’eux-mêmes (…), qui ne se distinguent d’eux que par la dépense, qui se trouve ainsi le seul modèle offert à l’imitation », et non par une plus grande liberté d’esprit comme ce fut le cas des Grands pendant plusieurs siècles (Jouvenel Arcadie).

-Pour le meilleur, dans la mesure où les richesses matérielles qui furent ainsi créées et diffusées dans nos sociétés, même de manière inégale, ont mis à l’abri  du besoin une proportion inouïe historiquement  d’hommes et de femmes; ouvrant ainsi pour chacun d’eux la possibilité d’accéder non seulement à un confort minimal mais surtout à un minimum de pouvoir sur sa propre vie, à une biographie personnelle, privilège réservé depuis toujours, et presque partout aujourd’hui encore en dehors des sociétés occidentales, à une infime minorité (d’où le titre, qui a parfois surpris, de ce blog : vive les sociétés modernes) .

PG

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Commentaires
R
Vous avez raison de vouloir développer l'enseignement des arts et de leur histoire ; mais il me semble que proposer de faire disparaître l'histoire que vous qualifiez de "guerrière" (ce qui ne correspond d'ailleurs que TRES partiellement à la réalité de l'enseignement de l'histoire en France aujourd'hui) n'est pas une bonne chose. Déjà que la mémoire est courte et que la capacité à s'interroger sur les pages sombres de notre passé lente à émerger (j'ai dans mes classes chaque année depuis 5 ans que je suis professeurs 1 ou 2 négationnistes, tous selon des arguments anti-sionnistes liés au conflit israélo-palestinien actuel, qui me démontrent, et m'enragent, que la manipulation du passé par les extrémistes de tous poils rend fondamentale son étude), alors de là à s'en priver lorsqu'il me semble que nous commençons à y parvenir...<br /> <br /> Néanmoins je vous suis entièrement dans l'idée de donner d'autres clefs aux individus pour se situer dans le monde actuel.
L
La mise à l'abri du besoin,de la peur, qui laisse à l'homme un temps d'oisiveté (je choisis ce terme exprès)est-elle la condition de la création et/ou de la recherche d'activités plus hautes et enrichissantes? Cette quête est-elle innée? Je constate en étudiant l'histoire des arts que l'"âge d'or" des<br /> cultures va souvent de pair avec une domination économique et politique.<br /> De nos jours plusieurs "phénomènes" de "sociétés modernes" sont très intéressants à observer: l'augmentation significative et continue des lieux de culture, toutes motivations, disciplines et références confondues; la diversification des moyens d'accés à la culture, à la pensée par internet entre autres, entraîne une facilité d'accés à ces activités plus hautes et enrichissantes" donnant du sens à la vie; chacun va-t-il s'en saisir? Peut-on vivre sans?<br /> <br /> Et pour finir une petite réflexion utopique:l'enseignement de l'histoire des arts, (c'est à dire l'enseignement de l'histoire de diversité de la pensée dans un contexte donné)s'ajoutant (ou rêvons un peu se substituant) à l'histoire "guerrière" que nous avons connue ne serait-elle pas le moyen idéal pour donner à chacun les clés de l'accés personnel à ces activités plus hautes et enrichissantes: on peut même prendre ce mot au pied de la lettre : la culture devient un véritable business!
vive les sociétés modernes - abécédaire
  • Cet abécédaire est élaboré progressivement. Les contributions proviennent d'horizons (professionnels, disciplinaires, philosophiques...) divers. Il voudrait être un témoignage sur notre époque.
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