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vive les sociétés modernes - abécédaire
22 avril 2007

Les Français et les hommes politiques

La désaffection des Français (et plus particulièrement de la jeunesse) pour les hommes politiques : on a pu l’imputer à de multiples causes (« affaires », médiocrité et inefficacité des députés et des gouvernants, manque de représentativité et impuissance du parlement…) ; mais  la manière dont les responsables politiques se discréditent systématiquement les uns les autres n’est-elle pas à elle seule largement suffisante pour l’expliquer ? Pourquoi les Français continueraient-ils à avoir confiance dans une classe politique qui proclame en permanence sa nullité ? Nullité de la gauche proclamée par la droite, nullité de la droite proclamée par la gauche, nullité de la gauche et de la droite proclamée par le centre (et les extrêmes) : de là à conclure à la nullité de tous, la tentation est grande. D’autant plus que la nullité proclamée n’est pas simplement politique mais morale ; elle ne concerne pas la seule capacité à agir efficacement, mais l’honnêteté des intentions : nullité totale donc. Comment, devant de telles proclamations, les Français pourraient-ils éviter au minimum la perplexité ? C’est cela qui serait vraiment extraordinaire.
Les gouvernants successifs sont bien légers s’ils croient qu’en discréditant sans la moindre nuance l’action de leurs prédécesseurs, ils travaillent à leur propre réputation : ils précipitent plutôt la perte de tous .Tout cela ne signifie pas du tout qu’il soit temps d’en finir avec la droite et la gauche. Cela signifie simplement  que gauche et droite auraient grandement intérêt à substituer à leur pratique du discrédit réciproque systématique celle de la critique circonstanciée, et même capable de reconnaître les réalisations positives de ceux qui, dans une démocratie, sont leurs adversaires et non leurs ennemis. Cette critique circonstanciée serait d’ailleurs non seulement conforme à la prudence mais à la vérité : les gouvernements qui se sont succédé à la tête de notre pays depuis trente ans n’ont pas démérité autant qu’on se plaît à le prétendre. Que les échecs (en particulier pour réduire le chômage) ne nous fassent pas oublier qu’au cours de ces dernières décennies la France s’est modernisée, la pauvreté a reculé (quoi qu’on en dise) ; des lois aussi importantes que le regroupement familial, la dépénalisation de l’avortement, le RMI, la CMU ont été adoptées : les gouvernements successifs de droite et de gauche n’y sont peut-être pas pour rien ! 
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Commentaires
P
Excusez la réponse tardive.<br /> Vous évoquez dans un premier point la démagogie des hommes politiques. Il est difficile de vous donner tort. C’est bien regrettable, mais peut-il en être autrement lors de campagnes électorales ? Quelles chances aurait conservé auprès des électeurs le candidat qui aurait reconnu que « la politique ne peut pas tout » ?! Les électeurs ont aussi les campagnes politiques qu’ils méritent. Cela dit si une certaine démagogie est inévitable, certains excès pourraient être évités.<br /> Dans votre deuxième point, vous écrivez que le discrédit des hommes politiques s’explique objectivement par les résultats et les chiffres : si vous voulez par là souligner un certain nombre d’insuffisances, très graves parfois (chômage), vous avez tout à fait raison ; mais si vous prétendez que l’action des gouvernements depuis trente ans a été un échec total, il est impossible de vous suivre : si on compare l’état économique et social de la France (puisque c’est l’aspect que vous privilégiez) à la fin des années 70 et aujourd’hui, on ne peut conclure ni à une régression, ni même à une stagnation mais bien à une modernisation (plus lente sans doute qu’au cours de la période antérieure): pensons simplement à la tertiarisation de l'économie et du travail. Cette modernisation aurait-elle pu se produire sans l'action des gouvernements?<br /> Amicalement.
A
La désaffection des Français dans les hommes politiques est à mon avis tout à fait justifiée.<br /> <br /> Elle réside tout d'abord dans la façon de faire de la politique,on peut parler de toutes les promesses électorales qui ne sont pas tenues à l'issue du mandat qui leur a été confié mais également de la démagogie qui est LA valeur qui unit nos deux candididats à l'élection présidentielle de 2007.<br /> <br /> Il faut insister sur le manque de crédibilité des politiciens et il suffit de prendre pour exemple Mme Royal et M. Sarkosy. Ils m'apparaissent tout deux très peu crédibles car tout à fait incohérents dans leur propos et le procès de l'incompétence de Mme Royal aurait dû être intenté également à M. Sarkosy. Comment celui ci peut être pour la privatisation d'EDF GDF pour être contre quelques mois après, être pour une intervention américaine pour ensuite féliciter M. Chirac pour sa position sur l'Irak, critiquer la vision de Bayrou sur un nécessaire travail en commun des grandes formations politiques sur les grandes réformes et appeler ensuite à travailler avec l'UDF et des hommes de gauche sans oublier l'augmentation des violences sur personnes, des voitures brûlées etc... malgré de beaux discours sur la sécurité.<br /> <br /> j'insisterai moins sur le manque total de crédibilité de Mme Royal car celui-ci est bizarrement mieux compris que pour le président nouvellement élu. On ne retiendra simplement que le "manque de propositions concrètes" (propos de M. Hollande) et sa maladresse dans le rejet total d'une alliance avec le centre pour quelques jours ensuite admettre qu'elle était nécessaire.<br /> Le procès de l'incompétence fait à Mme Royal doit s'expliquer autrement que par son sexe car jamais un tel procès n'a été fait à Mme Clinton ou Merkel...<br /> <br /> Le discrédit s'explique ensuite et surtout-de manière objective- par les résultats et les chiffres. Il suffit de rappeler que l'on est la 25ème croissance économique sur 27 en Europe, le premier taux de chomage chez les jeunes et les séniors en Europe, un des budjets consacrés à l'éducation les plus faibles d'Europe aujourd'hui...<br /> <br /> On peut donc parler d'un bilan économique plus que médiocre pour la France et la responsabilité en incombe aux politiciens.<br /> <br /> Il me semble donc tout à fait légitime de penser que depuis trente ans, les politiciens qui se sont succédés ont échoué et les chiffres sont là pour attester de leur incompétence en matière économique notamment.<br /> <br /> Alexis
P
Chère Brigitte,<br /> 1- J'ai la plus grande admiration pour l'abbé Pierre.<br /> 2- Sur la pauvreté, je ne peux que reprendre à mon compte la formule de Micheline: "Même la pauvreté areculé, mais celle qui reste est d'autant plus visible".<br /> 3-Je crains de plus que cette pauvreté restante ne soit bien difficile à résorber, précisément parce qu'elle est minoritaire et que dans une démocratie " l'intérêt de la majorité peut consister à exploiter les minorités ou à s'en désintéresser" (J.Généreux, économiste appartenant à l'aile gauche du parti socialiste).<br /> Amicalement.
M
Rien à redire à ton propos. Même la pauvreté a reculé, mais celle qui reste est d'autant plus visible. Soyons positifs!<br /> ML
J
Par rapport à ce discours de mépris pour le politique et la vie politique. Je ne discuterai pas de savoir si les accusations réciproques ont ou non joué un rôle déterminant. Mais je n'ai jamais vu d'élèves qui, d'abord désarçonnés par un éloge du mot qu'ils font profession d'honnir, n'aient fini par accorder que l'art de s'accorder pour vivre ensemble dans l'intérêt prioritaire de tous et la recherche du bien commun était respectable. Je les ai toujours vus sensibles aux horizons offerts par le croisement des mots dérivés (politesse, politique, police...) et étonnés qu'on puisse distinguer politicien (anglo saxon, péjoratif, suggérant une activité à temps plein) et responsable (homme/femme) politique, qu'on puisse repérer comment se confondent et se distinguent politique et partisan, qu'on puisse sans mépris parler de poltique du logement, de politique fédérale de formation des arbitres, etc...<br /> J'ajouterai aussi que lorqu'on mesure combien de temps (pris sur leur loisir,leur travail ,leur vie personnelle et familiale) les responsables politiques, et en particulier ceux à qui un mandat a été confié, passent en commissions, rencontres, réunions, sessions, conseils, etc... en échange de quoi, des indemnités qui ne vont pas bien loin, une notoriété dont la gloire peut avoir de revers, un ancrage pour un parcours politique éminent (mais de combien est-ce le lot?), bref si peu... Alors quoi, qu'est ce qui les y pousse? le sentiment de participer au bien commun (c'est aléatoire, peut-être illusoire, peut-être dérisoire... mais certainement pas méprisable). L'impression d'avoir fait prévaloir des idées qui seraient bonnes ou du moins meilleures que d'autres,? La recherche d'une forme de divertissement? L'acceptation qu'il faut bien que ces tâches soient accomplies? Là encore, rien de bien cerrtain, mais rien de condamnable. Alors les grosses rigolades des Nuls etc... parfois ça me fait rire. un peu. parfois seulement. JCH
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  • Cet abécédaire est élaboré progressivement. Les contributions proviennent d'horizons (professionnels, disciplinaires, philosophiques...) divers. Il voudrait être un témoignage sur notre époque.
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