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vive les sociétés modernes - abécédaire
12 avril 2007

mutation démographique (suite)

Nous ne devons pas être aveugles à la réalité de la mutation démographique que connaît notre pays:

1- parce que nous ne devons être aveugles à aucune réalité.

2- parce que cet aveuglement ne peut que nous empêcher de comprendre un certain nombre de problèmes actuels. Par exemple, il n'est guère possible de comprendre l'Ecole actuelle si on ne prend pas en compte cette dimension démographique: comment mettre en doute qu'une Ecole, qui doit s'adresser à des enfants venus d'horizons et de langues multiples, soit confrontée à des problèmes partiellement nouveaux (problèmes nullement insolubles puisque la troisième République est parvenue à en surmonter d'analogues)? Et pourtant, quand on entend la plupart des commentateurs, c'est comme si cette dimension nouvelle n'existait pas. On évoque certes la démocratisation ou la massification de l'Ecole; mais massification et diversification démographique sont deux choses différentes!

3- parce qu'enfin cet aveuglement est gros de faux procès. Ainsi il est souvent question d'une crise de l'autorité qui aurait sa source dans les idées de mai 68. Ce procès est bien injuste. Je ne vois pas que les principes éducatifs de 68 aient produit des jeunes gens et des jeunes femmes particulièrement rebelles et violents. Je ne le vois ni chez moi, ni autour de moi, ni chez la grande majorité de mes élèves. Mai 68, à la vérité, ne fut la fin ni de l'éducation ni de l'autorité, mais l'avènement (heureux) de nouveaux principes éducatifs, permettant à un  nouveau type d'autorité (non-violente) de se déployer notamment à l'Ecole.

Il reste que cette autorité non-violente  ne peut se déployer avec efficacité que dans la mesure où elle été préparée, dans les familles, par une éducation imprégnée de cet esprit nouveau. Là où ce n'est pas le cas comment cette nouvelle forme d'autorité ne serait-elle pas en crise?

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Commentaires
J
Comme Walter, je n'ai qu'un enthousiasme relatif quant à l'2tat-Nation;<br /> Mais je ne suis pas d'accord avec lui quand il n'envisage les mutations démographiques que sur un plan quantitatif; Je veux bien croire qu'il y a eu des moments où les proportions d'immigrés ont pu être supérieures à celles que la France atteint maintenant. Mais il s'agissait de populations (Italiens, Belges, Polonais, etc.) qui partageaient, en gros, les mêmes "valeurs sociétales" (au sens de capacité à voisiner avec la sphère culturelle de l'autre). Lorsque tel n'était pas le cas, et en particulier pour des motifs religieux, les "mutations" étaient dramatiques : européens en Amérique du Nord, Espagnols en Amérique du Sud, Croisés au Moyen-Orient, barbares dans l'Empire romain...
P
Merci de ton message.<br /> Si je te comprends bien, démographiquement parlant, il n’y aurait aujourd’hui rien de bien neuf. Je persiste à en douter . La mutation démographique que j’évoque dans mon billet concerne en réalité toute l’Europe et constitue bien quelque chose de nouveau : elle est le résultat d’ une inversion des courants migratoires entre l’Europe et le reste du monde. L’Europe, après avoir été une terre d’émigration est devenue une terre d’immigration : au XIX° siècle les Européens partent massivement « vers les Amériques, l'Afrique du Sud, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et la Sibérie: la population de ces régions passe d'une trentaine de millions à plus de 200 millions; on assiste au peuplement de la moitié vide de la planète (près d'un milliard d’hommes vivent aujourd'hui sur ces grands espaces). Après le grand exode européen, qui dure jusqu'au lendemain de la seconde guerre mondiale, vient le temps de l'immigration. Peu à peu, l'Europe, premier continent d’émigration, devient le premier continent d’immigration » (JP Chesnais Les courants migratoires vers l’Europe). Il est difficile, me semble-t-il, de soutenir qu’un tel bouleversement est mineur.<br /> Amicalement.
W
Le changement démographique en France n'est pas nouveau. En fait, le taux d'immigration dans les années 30 était aussi élevé qu' aujourd'hui. En plus, l'idée que le monde 'avant' etait divisé <br /> en des territoires composés de nationalités distinctes n'est pas historiquement correct. Cette idée de territoire 'national' avec une peuple singulier et unifié par une culture commune est trés récente (19eme siecle). Même avec la montée de l' Etat nation, il y avait une fluidité démographique trés forte. Donc, on peut interpréter ce que tu décris de deux façons: soit rien a vraiment changé ; ou au contraire tout change et ce changement est caracterisé par l'erosion de l'Etat nation. Concernant la deuxieme interpretation, l' histoire des guerres et horreurs liées aux nationalisme, je ne regarde pas l'erosion de cette forme d'identité avec un oeil nostaligique.
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  • Cet abécédaire est élaboré progressivement. Les contributions proviennent d'horizons (professionnels, disciplinaires, philosophiques...) divers. Il voudrait être un témoignage sur notre époque.
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