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vive les sociétés modernes - abécédaire
16 janvier 2007

Adoption

Le problème du droit à l’adoption pour les couples homosexuels sera sans doute de nouveau soulevé dans les mois à venir. Constatant l’accord aujourd’hui réalisé pour considérer que ce problème doit être abordé en priorité à partir des droits de l’enfant, je voudrais porter au débat deux remarques et une suggestion :

  1. on oublie, me semble-t-il, trop souvent que les enfants concernés par cette question ne sont pas, pour la majorité d’entre eux, n’importe quels enfants, mais des enfants d’ores et déjà gravement fragilisés par la vie, puisqu’ils sont ( à la suite d’un abandon ou du décès de leurs parents) adoptables. Il devrait en résulter que, par compensation, tout soit mis en œuvre pour leur permettre de bénéficier, à la faveur de leur adoption, de la vie la plus  conventionnelle  possible.

  2. S’il est vrai que l’on cherche réellement à évaluer les risques à terme, en particulier les risques psychologiques, que seraient susceptibles de courir les enfants élevés dans une famille homoparentale (risques auxquels d’ailleurs je ne crois pas beaucoup), on pense en revanche beaucoup moins aux difficultés voire aux souffrances immédiates auxquelles on va les exposer dans leur quotidien, notamment pendant les années de leur scolarité (et qui peuvent être redoublées par celles d’ une mésentente toujours possible de leurs parents adoptifs , puisque ceux-ci ne sont pas plus que les autres à l’abri de la rupture sentimentale). Difficultés immédiates au quotidien faciles à imaginer dès lors qu’on se souvient du conformisme propre à l’enfance. Difficultés exprimées par les enfants eux-mêmes lorsque, par exemple, ils expliquent leur gêne profonde à inviter des camarades chez eux ou à être attendus à la sortie de l’école par leurs deux mamans ou leurs deux papas. Difficultés qui s’estomperont peut-être avec la banalisation de l’homosexualité, mais, peut-être pas, et qui, en attendant, n’en seront ni moins réelles ni moins vives.

Deux raisons (parmi d’autres) qui, me semble-t-il, nous interdisent de considérer que le débat est clos, même pour des esprits " éclairés " et surtout pour ceux qui se réclament du principe de précaution.

Une suggestion : pourquoi ne pas envisager, plutôt qu’une adoption parentale, une adoption par des parrains ou des marraines, ou encore par des oncles ou des tantes, une adoption " avonculaire " en quelque sorte (on sait la place centrale occupée par l’oncle dans beaucoup de sociétés traditionnelles) ?. Des enfants d’âge scolaire seraient sans doute mieux à même d’affronter une telle situation, de l’intégrer dans un discours et donc intellectuellement et psychologiquement, de l’assumer socialement , que le fait d’avoir deux mères ou deux pères. Cette solution soulèverait sans doute des problèmes juridiques, mais ceux-ci ne sont jamais insolubles.

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Commentaires
P
D’abord merci pour votre message. Il m'inspire les deux remarques suivantes:<br /> 1.Il ne faut pas confondre l’esprit critique et la critique radicale. Autant le premier me paraît indispensable, autant la seconde me semble dérisoire aujourd’hui. Et c’est donc avec le premier qu’il convient d’aborder les questions actuelles, y compris les « régressions » que vous évoquez.<br /> 2.Par ailleurs les progrès dont nous bénéficions encore de nos jours ont certes « été obtenus par des revendications sociales souvent dures ou même sanglantes », mais pas uniquement : il a fallu aussi que bien d’autres forces soient mises en mouvement, celles de la science, celles de la technique… ; il a fallu surtout énormément de travail et d’inventivité pour produire les richesses sans lesquelles aucune revendication n’aurait pu être satisfaite ni même formulée .<br /> Amicalement.
A
sur les citations du livre de Marcel Gauchet: l'esprit critique ne s'applique pas aujourd'hui aux progrés ,cités ou non , obtenus dans le siecle antérieur par les revendications sociales souvent dures ou même sanglantes ,mais aux regressions par rapport à ces progrès. (qui ,pr&cisement ont contribués à l'avènement et à l'édification des "sociétés modernes")Comment positiver en cas de régression manifeste?... <br /> Autrement dit: dans l'urgence on ne parle pas des trains à l'heure (on approuve implicitement le tgv !),mais de ceux qui restent en panne voire ,en l'occurence bien que ce soit trés rare ,à ceux qui redescendent à reculon la pente péniblement gravie
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  • Cet abécédaire est élaboré progressivement. Les contributions proviennent d'horizons (professionnels, disciplinaires, philosophiques...) divers. Il voudrait être un témoignage sur notre époque.
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