V comme Vie humaine future (première partie)
« Qu'est-que la vie ? », la question fut posée à François Jacob. Elle donna naissance à la conférence inaugurale de l'Université de tous les savoirs qu'il construisit depuis ce titre, devenu le titre d'un livre qui, reprenant, entre autres, l'exposé de cette conférence, fut publié, ensuite, chez Odile, sa fille...(1).
L'illustre chercheur y présenta les certitudes d'aujourd'hui (les vingt-deux aminoacides, les différences entre procaryotes et eucaryotes, les développements de la vie depuis quatre milliards d'années, les critères qui définissent le vivant...),
- mais aussi nos incertitudes et questionnements (un virus de la taille d'une bactérie et « fonctionnant » tel une bactérie est-il toujours un simple automate ou est-il classable parmi les êtres vivants ?),
- pour conclure sur le fait que peu importe que les premiers acides aminés terriens proviennent de la Terre elle-même (selon la célèbre expérience – dite « expérience Miller-Urey » – de Stanley Miller recréant les conditions de la Terre primitive...) ou qu'ils viennent de l'espace (de Mars ou de météorites...), le résultat est là : la vie existe, s'est développée, est un miracle de la biologie et mérite notre attention et notre respect devant sa fragilité et toutes les possibilités que nous ignorons encore, possibilités que la protéomique et l'enzymatique vont nous révéler au cours du siècle (le vingt-et-unième) et, probablement, du siècle prochain (le vingt-deuxième).
Depuis Charles Darwin, nous savons que les espèces évoluent par sélection naturelle et, plus récemment, nous savons que de nouvelles espèces apparaissent (spéciation) par sélection naturelle ou/et par dérive génétique.
A quoi ressemblera l'être humain dans deux cent mille ans ou, bien plus tard, dans huit cent mille ans, ou encore dans un million deux cent mille ans ?
Et à quoi ressemblera-t-il dans moins de cent ans, quand nous serons capables de maîtriser l'accélération génétique (fondée sur l'acgenèse) qui va remplacer la modification génétique (fondée sur la transgenèse), nous permettant de générer non plus des organismes génétiquement modifiés (OGM), mais des organismes génétiquement accélérés (OGA) (tels que présentés dans un livre mien : Les enfants de demain ou le très étrange et très secret projet Hp-1) (2) ?
Le milieu environnemental ainsi que des domaines oeuvrant depuis le hasard-sélection dans la cellule-même (voire en passant du dedans au dehors de la cellule, comme l'a montré Alain Prochiantz) conditionnent les paramètres de l'évolution.
Notre orientation vers un milieu naturel ou un milieu artificiel peut ainsi être déterminante quant à ce qu'une espèce va devenir, voire quant à l'apparition possible en son sein d'une sous-espèce...
Résumant ce qu'ont écrit – et filmé – les plus grands noms de la science-fiction jusqu'en ce début du vingt-et-unième siècle, le paléontologue Jean-Sébastien Steyer et l'astrophysicien Roland Lehoucq retiennent les deux orientations les plus probables, considérant qu'« (…) Homo aquaticus offre une vision (…) d'un futur où les humains deviennent capables d'habiter les profondeurs des océans (...) », tandis qu'« Homo sideralensis ouvre d'autres horizons » puisqu'il est « adapté à la conquête de l'espace » (3)
La vie humaine future passera par de nombreuses étapes (comprenant des erreurs, des adaptations, des expressions nouvelles de gènes...),
- 1) allant de l'humain sapiens « augmenté » par de nombreuses prothèses et par des molécules « d'augmentation cognitive » diverses le rendant transhumain, voire posthumain (posthumain si, plus qu'un transhumain – ou humain sapiens « augmenté » –, il devient un assemblage mécatronique semi-robotique, un cyborg, voire un cerveau « téléchargé » dans un ordinateur selon le principe du mind uploading) (4) ;
- 2) jusqu'à Homo pertinens, le descendant darwinien d'Homo sapiens qui sera un humain plusss qu'augmenté : « évolué »... par la sélection artificielle de l'acgenèse le dotant d'une connectique neuronale (neuroconnectique) plus complexe que la nôtre, laquelle lui permettra, progressivement et personnellement, depuis une neurobiochimie spécifique :
- → 2.1) (après s'être assuré d'en éviter les rejets) de contrôler semi-implants et autres prothèses ;
- → 2.2) de neurosynthétiser en lui les molécules « d'augmentation cognitive » qu'il absorbera et d'autres qu'il pourra neurodéfinir et protéiquement auto-assembler ;
- → 2.3) de commander – depuis son cerveau et avec l'aide des biotechnologies de l'époque – la réparation (de l'ADN) de ses membres, de ses organes (selon le grand rêve du biologiste Jean Rostand) ;
- 3) et, plus loin encore, quand nos organismes biologiques quitteront toute planète et toute lune pour voyager dans l'espace sidéral sur de très longs trajets, jusqu'à l'apparition de variantes d'Homo sideralensis impliquant que nous devions reformater aussi la structure de nos organes, en adaptant à nos environnements d'alors, notre plastique et son esthétique, voire notre histologie puis notre protéomique...
Tandis que certains prospectivistes nous assurent que le futur sera...
(à suivre: http://moderne.canalblog.com/archives/2013/12/14/28473048.html)
Daniel-Philippe de Sudres (chercheur en neurosciences cognitives expérimentales, écrivain – notamment de science fiction anticipative réaliste)
(1) Ouvrage collectif sous la direction de Yves Michaud, Qu'est-que la vie ?, éditions Odile Jacob, Paris, 2006
- reprenant la conférence de François Jacob :
http://www.canal-u.tv/video/universite_de_tous_les_savoirs/qu_est_ce_que_la_vie.880
(2) Daniel-Philippe de Sudres Les enfants de demain ou le très étrange et très secret projet Hp-1
Ce livre nous présente Homo pertinens, une variété d'Homo sideralensis proche de nous (Homo sapiens), nés non pas de la transgenèse (ils ne sont donc pas des organismes génétiquement modifiés) mais de l'acgenèse (car ils sont des organismes génétiquement accélérés), lequel bâtit la première civilisation de type I, d'après l'échelle de Kardashev...
http://imaginationforpeople.org/fr/project/homo-pertinens-kardashev-epigenese/
(3) Jean-Sébastien Steyer, Roland Lehoucq, « L'Homme du futur dans la science-fiction », Pour la Science, n°422, décembre 2012, pp.132-3.
(4) Lire de Daniel-Philippe de Sudres : T comme Transhumanisme dans notre Abécédaire des sociétés modernes.