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vive les sociétés modernes - abécédaire
20 novembre 2012

T comme Transsexualisme (un avatar de l'individualisme)

 

Le mot, et la réalité qu’il représente, ont à peine quelques dizaines d’années, et sont restés cachés dans le jargon de quelques spécialistes, interrogés comme experts en demandes étranges*. L’irruption récente, sans histoire, de l’idée et de la demande conséquente adressée à la société permet d’affirmer qu’elles ne s’enracinent pas dans une nature particulière de l’être humain, mais dans le bouleversement du rapport entre l’individu et la société qui l’environne. Le sujet a des droits sur elle, et « elle » a des devoirs envers le sujet.

 

Le transsexualisme, qu’il ne faut pas confondre avec le travestisme, repéré par l’histoire, et le phénomène, par contre, récent, de la la féminisation grâce aux hormones, du corps masculin, pour le rendre plus apte à la prostitution, est la conviction absolue que le sexe déterminé par la conception et l’embryogenèse n’est pas le bon, et qu’une rectification du corps, et de l’état-civil, sont le droit du sujet, et du devoir de la société de l’accepter. Peu à peu, le droit au changement de sexe, à la rectification de l’état-civil se sont imposés. Auparavant des chirurgiens ont accepté ces demandes pressantes de ces « patients ». L’intervention chirurgicale, « rectificative », est même devenue, en France, le préalable à l’intervention de la justice. Son irréversibilité ajoute son poids propre.

 

Très rapidement les médecins interrogés ont renoncé à voir dans le phénomène étrange une pathologie mentale apparaissant « ex nihilo ». La conviction n’est pas délirante, mais l’affirmation d’une liberté de choix, d’un droit à disposer de son corps érogène.

 

Les sociétés modernes se caractérisant toutes par l’acceptation des demandes individuelles, auxquelles aucune raison indiscutable ne peut être opposée, la palette de ces demandes ne peut que s’enrichir. J’ai pu remarquer en explorant l’évolution des faits de société, la proportion importante du retournement en droits nouveaux, de ce qui constituait auparavant des devoirs…sagement acceptés.

 

Yves Leclercq, Psychiatre, Psychanalyste.

 

* Le mot n’est pas encore présent dans l’édition du Dictionnaire Historique de la Langue Française, (Robert), datée de 1993. La demande, encore confidentielle, et rarement satisfaite, questionnait déjà les psychiatres. Il me semble que la perplexité des psychanalystes les maintenait sur la réserve. Cette « névrose individuelle » ne trouvait pas sa place dans les catégories reconnues de l’hystérie, de la phobie, et des obsessions. Elle n’était pas analysable parce qu’aucune demande d’analyse n’était formulée par les sujets de ces contestations.

 

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Commentaires
Y
Merci pour votre témoignage.
F
je suis transsexuelle MtoF ayant vécu une vie hétéro avec femme et enfants après la transition je me perçois bi sexuelle mais il est clair après une " carrière " d ' "homme" hétéro et donc une vie " lesbienne " il m 'est difficile d'envisager vivre avec un homme , cela est bien un acquit , l 'innée étant ce que je ressent depuis mon enfance , une dysphorie épuisante ...
Y
Je n'associe évidemment pas ces contraintes aux relations ordinaires de travail, de la vie sociale...
Y
L'appartenance à un sexe, et la manière de l'exprimer, d'en user, sont quand même essentiels à la relation avec l'autre. La relation s'établit, ou non, à partir de ce qui est perçu de la demande, ou de l'offre, spécifiques, de l'autre. Leur variété est spécifique de notre....genre humain, dont la sexualité n'est plus que recherche d'un plaisir, dont le partage n'est plus systématique.<br /> <br /> Cette variété complique les relations, en raréfiant les bonnes combinaisons.
F
Je ne faisais que poser des questions.<br /> <br /> Le sujet est justement passionnant parce qu'il nous permet de voir l'extrême variété des situations. A une identité sexuelle classique et binaire (hétérosexuelle, homme/femme), s'ajoutent des identités multiples et complexes : homosexuel(le)s, bi-sexuel(le)s, trans-sexuel(le)s, transsexuel(le)s homo ou hétéro ou bi, zoo-sexuel(le)s, pédo-sexuel(le)s, non-sexuel(le)s, abstinent(e)s sexuels volontaires ou contraints,impuissants, hermaphrodites, etc. La variété des orientations, des pratiques, des désirs, etc. semble grande et les combinaisons nombreuses.<br /> <br /> Il est possible que certains trans-sexuels ne soient pas homosexuels, mais avant ou après leur transformation? J'avoue ne pas bien comprendre "la vie d'un transsexuel hétérosexuel". Encore une nouveau "genre"? En effet sauf à avoir des relations uniquement avec d'autres transsexuels, les transsexuels ne sont jamais homosexuels!<br /> <br /> Chacun revendiquant une identité "sexuelle" spécifique. On en revient peut-être à la problématique de l'article : le trans-sexualisme comme un avatar de l'individualisme?
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  • Cet abécédaire est élaboré progressivement. Les contributions proviennent d'horizons (professionnels, disciplinaires, philosophiques...) divers. Il voudrait être un témoignage sur notre époque.
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