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vive les sociétés modernes - abécédaire
15 novembre 2012

T comme Transgénèse

 

Définitions

L’ADN est le support chimique du patrimoine génétique (génome). Pour rester simple, un gène se définit comme un segment d’ADN qui, dans la plupart des cas, dicte à la cellule vivante comment fabriquer une protéine. Les protéines sont souvent, mais pas exclusivement, des enzymes, c’est-à-dire des catalyseurs (facilitateurs) des réactions de la chimie du vivant.

Le terme « transgénèse » désigne des techniques de laboratoire qui permettent d’insérer (une greffe d’ADN, en quelque sorte) un gène dans une cellule vivante d’un microorganisme, d’une plante ou d’un animal. Si l’opération réussit, dans le cas de la transgénèse végétale, la plante entière régénérée à partir de la cellule transformée pourra, par exemple, synthétiser une protéine nouvelle. Dans les cas simples, comme chez les plantes transgéniques commercialisées de première génération, le gène transféré (transgène) apporte ainsi un nouveau caractère observable : une résistance à un insecte ravageur ou la tolérance à un herbicide.

Le transfert d’un caractère génétique d’une espèce à une autre est possible parce que le code génétique (le mécanisme de décodage de l’ADN en protéine) est universel « de la bactérie à l’éléphant » alors que le patrimoine génétique diffère entre espèces et même entre individus d’une espèce. Néanmoins, un gène de bactérie ne fonctionnera pas tel quel dans des cellules d’éléphant si on ne lui adjoint pas les éléments de “ponctuation“ adéquats.

Le vocable scientifique « transgénique » se traduit dans la législation européenne du terme plus flou  d’« organisme génétiquement modifié » (OGM).

 

La transgénèse : deux points de vue principaux

Il est possible de distinguer deux grandes argumentations sur la transgénèse.

A l’objection que la transgénèse rompt la barrière des espèces, d’autres répondent que la notion d’espèces chez les plantes doit être nuancée (les frontières entre espèces peuvent être floues). Ils notent que l’hybridation interspécifique a été largement pratiquée pour l’amélioration des plantes (il est vrai par croisement entre espèces différentes mais sexuellement compatibles), que l’éloignement d’une espèce n’est pas synonyme de danger (il existe des bactéries utiles et d’autres pathogènes). De plus, les cellules végétales contiennent des organites (les chloroplastes), siège de l’indispensable photosynthèse, qui se trouvent être les restes d’une bactérie qui a colonisé une cellule pré-végétale, il y a environ 1 milliard d’années. Une plante est donc une plante (c‘est-à-dire capable de capter l’énergie solaire et d’assimiler le gaz carbonique) grâce à la captation de gènes “étrangers“. Les valeurs de pureté génétique et d’identité s’opposent ainsi à celle de la diversité.

La vision critique insistera sur le fait que le transfert d’un gène peut être assimilé à une intrusion et s’accompagner de perturbations aux niveaux des génomes. La vision opposée, mettra en avant la « fluidité » inhérente à ces derniers. Celle-ci inclut des transferts naturels de gènes entre espèces éloignées (rares chez les plantes), le déplacement fréquent le long d’un génome de gènes « sauteurs » (ou transposons) et l’insertion constante de copies des gènes présents dans les chloroplastes (donc d’anciens gènes bactériens) dans le génome du noyau des cellules de plantes. Autrement dit, le génome des plantes subit constamment des insertions multiples naturelles.

La première vision insiste sur les conséquences d’un transfert de gène, considérées comme imprévisibles et irréversibles, vision catastrophiste qui se nourrit de « l’heuristique de la peur » théorisée par le philosophe Hans Jonas, et qui rejoint les mythes fondateurs de l’écologisme. Cette vision du monde prend aujourd’hui le pas sur celle, optimiste, qui met en avant la notion de progrès (y compris des connaissances, pour résoudre les problèmes ; le « mythe rationnel de l’occident »), qui considère que les risques sont maîtrisables et que l’on ne peut arrêter le cours de l’évolution normale des sociétés humaines.

 

Marcel Kuntz (CNRS Grenoble)

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Commentaires
C
Les illustrations de ton blog sont très belles
L
Des comités d'éthique pour le bien être animal ont été crée au niveau des états, des instituts et au niveau local. Les deux premiers ont plus pour but d'établir des réflexions et des protocoles d'action tandis que les comités locaux appliquent les règles qui sont internationales, écrites et précises. Les journaux exigent la référence de l'évaluation éthique de l'étude avant de publier les résultats.<br /> <br /> L'hormone de croissance fait maigrir les animaux, mais développe les muscle et le squelette chez certaines espèces, pas chez les vaches. L'hormone de croissance est utilisée dans certains pays pour augmenter la production laitière.<br /> <br /> Jamais une oreille humaine n'a poussé sur l dos d'un rat. C'est impossible. Il s'agissait d'une greffe transitoire. L'intérêt de cette expérience est sans doute bien plus faible que l'impact inutilement négatif de la photo.
J
Comme je suis au nombre des ignorants relatifs (comme nous tous ici... en tout cas en de nombreux domaines) que cette ignorance partielle n'empêche pas d'exercer leur jugement ou au moins d'esquisser une formulation de leurs opinions et sentiments, j'apprécie d'être invité à accéder à ce qui peut éventuellement permettre d'en savoir plus. Merci donc à Marianne de ce lien vers un documentaire qui ne laisse pas indifférent et permet de partager le sréflexions et travaux de gens qui semblent bien ne pas être , eux, ne pas être plongés dans l'ignorance.<br /> <br /> Pour contribuer à nourrir une réflexion sur un domaine connexe, où il ne s'agit donc pas de transgénèse mais d'aspects de notre relation à l'animalité, je conseille pour ma part d'aller écouter l'émission "scientifique" consacrée hier (lundi 26 novembre) par France Inter au thème de la consommation humaine de viande animale. Avec un nutritionniste, un philosophe et un journaliste auteur d'un ouvrage au titre appétissant: Bidoche... La tête au carré... voilà que le titre, bien connu, m'est revenu.
M
je suis en effet ignorante en la matière mais je ne peux pas ne pas avoir vu ce que j'ai vu sur internet à propos des animaux transgéniques: https://www.youtube.com/watch?v=mLPVO2V4UXw !
Y
Claude Bernard n'avait pas les moyens de faire autrement. C'est pourquoi, sous cette forme, il se justifiait et se....confessait"!<br /> <br /> Les moyens sont maintenant très différents, les animaux de laboratoire ne souffrent pas beaucoup ou pas du tout.
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  • Cet abécédaire est élaboré progressivement. Les contributions proviennent d'horizons (professionnels, disciplinaires, philosophiques...) divers. Il voudrait être un témoignage sur notre époque.
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