Printemps arabe (vive les sociétés modernes en Tunisie et en Égypte)

On ne peut prédire l’issue d’un mouvement qui renverse l’ordre existant, et qui recouvre diverses visions de l’ordre nouveau à mettre en place.

Il n’empêche que ceux qui sont les plus actifs sur le devant de la scène de la révolte en Tunisie et en Égypte protestent contre le despotisme et l’arbitraire, contre un État-parti dirigé par un chef inamovible.

Comme les peuples de l’Europe de l’Est il y a vingt ans, ils demandent l’instauration de cette société moderne dont nous examinons et discutons les bases dans ce blog. La liberté, les droits de l’homme, la démocratie et l’État de droit.

Les jeunes manifestants réclament cette société moderne parce que leur avenir en dépend.

Quels que soient les lendemains de ce printemps arabe, l’événement nous prouve combien nous avons raison de défendre les principes et les valeurs des sociétés modernes.

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André Sénik

Comments

[pg]

voici le message que j'ai tenté sans doute vainement de vous faire parvenir par mail:

Cher Monsieur,

J'ai lu avec intérêt vos derniers commentaires sur notre abécédaire. Je reviens donc vers vous pour vous proposer de présenter une nouvelle notion, et puisque nous aborderons prochainement la lettre R, pourquoi pas Révolution ou Résistance, ou encore autre chose à votre choix?

notre abécédaire s'appelle aussi "vive les sociétés modernes" (de manière peut-être un peu provocatrice), mais nul n'est censé souscrire à cet énoncé pour collaborer: une critique des sociétés modernes peut même y avoir sa place dès lors qu'elle accepte le principe de la discussion.

bien cordialement

pierre gautier

si vous acceptez vous pouvez me contacter à l'adresse suivante: pierre.gautier75@wanadoo.fr

[Thierry Margaux]

à l'abri de l'enfer ?

Au Japon ? où la gestion des centrales nucléaires a été déléguée à des sociétés privées, dont ont été publiées les carences en matière de sécurité et le nombre très important d'incidents ayant eu lieu précédemment ? (après la catastrophe, ces informations ont été divulguées)

à l'abri de l'enfer ? les Libyens aidés comme on le voit par les défenseurs de la démocratie en Occident ?

à l'abri de l'enfer ? les autres mouvements en faveur de la démocratie au Machreck, dans le Golfe, que les dictatures du Golfe alliées aux grandes démocraties, comme l'Arabie Saoudite, s'efforcent de tuer en envoyant leur armée ? (Pour cela ils peuvent envoyer leurs armées)

à l'abri de l'enfer ? si l'extrême-droite devient majoritaire en Europe ?

à l'abri de l'enfer ? si le tout-nucléaire nous explose à la figure ?

Dans les caractéristiques de la modernité je n'avais pas ajouté à la liste, la toute-puissance de la technique associée à la science et son pouvoir destructeur que représente le nucléaire comme paradigme. Oubli d'une explicitation. Cela était sous-entendu ou inclus implicitement dans la référence à la question écologique, qu'un correspondant juge dérisoire et la critique écologique, comme la critique du capitalisme financiarisé je suppose, relever de la névrose et de la dépression ! Enfin tant que ce n'est pas de la folie, bonne à enfermer, ça va encore.

Toujours est-il que se croire à l'abri de l'enfer me semble être une belle illusion dans un monde où tout est mondialisé : la finance et la bourse, la production et le commerce, la guerre, la santé, le partage des ressources et les guerres pour ce partage, la communication et l'information, les mafias, l'économie criminelle et la finance illégale de plus en plus indistinctes de celles qui ne le sont pas, l'impuissance des Etats démocratiques face à ces situations, les nouveaux risques de populisme et de fascisme au sein des démocraties, la puissance technique incontrôlée, ses usages et ses destructions, bref l'avenir du monde, l'avenir de la vie, la préservation de la vie : ce qui est la tâche politique par excellence, plutôt qu'un contentement qui croit pouvoir réduire le monde à son espace de proximité immédiate d'un "chez soi" fictif, fermé au monde.

[Thierry]

Il y a donc des révolutions, et certaines sont nécessaires et sont créatrices.
Il y en aura encore.
La révolution, on ne la veut pas, elle arrive, quand elle devient nécessaire.
Et nul ne peut les prédire, ici pas plus que là-bas.
Si l'on raisonne à l'échelle de l'histoire, on ne peut exclure la possibilité de révolutions, à moins de croire à la fin de l'histoire, ce qui est une croyance comme une autre, mais pas plus qu'une croyance pieuse.


Les inventions ou les nouveautés apportées par la modernité sont les droits de l'homme universels, la souveraineté du peuple, la révolution, le capitalisme, l'individualisme.

Vous ne voyez que les droits de l'homme pour les louer, sans voir les autres composantes d'où viennent les problèmes politiques et sociaux propres à la modernité.

Sans voir non plus que la démocratie, qui n'est pas une invention moderne mais grecque, n'est pas garantie, peut regresser, peut être détruite, peut disparaître ; voir l'expérience historique du fascisme.

Et quand aujourd'hui la politique est en voie de disparition, -en conséquence le pouvoir politique des citoyens et la souveraineté du peuple-, car la logique économique détermine la décision, et que la démagogie et le populisme s'installent à la place(voir les gouvernements Berlusconi, Sarkozy par exemple) et que renaît une extrême-droite agressive dans toutes les sociétés démocratiques, aux Etats-unis comme en Europe, et que la guerre est partout, à l'état réel ou comme menace, il ne suffit pas, pour comprendre le monde, de louer les sociétés modernes, sans voir leurs contradictions, à l'échelle mondiale, puisque l'économie est mondiale.

Lorsque la décision politique est totalement confisquée, chez des peuples éduqués ou non à la démocratie, il arrive qu'une révolution se produise.
Si elles se sont produites dans le passé, rien ne permet d'affirmer qu'il ne s'en produira plus
dans l'avenir.
Sous d'autres formes sans doute et différemment.
Ce n'est en rien une question de volonté, mais de conjoncture.

Ne pas envisager cette possibilité est avoir l'imagination fort courte.

[senik]

On m'explique que les droits de l'homme ont été apportés par une révolution? J'ignorais que je l'ignorais!
qu'Il y a des bonnes révolutions et des mauvaises? Je croyais le savoir!
Que la société moderne est imparfaite ? Je ne me croyais pas au paradis, mais juste à l'abri de l'enfer.
Mas je m'obstine à ignorer que le peuple français a besoin d'une nouvelle révolution "pour conquérir la souveraineté politique".
Je m'obstine à croire que la jeunesse des peuples arabes qui est descendue dans la rue aspire au type de société que nous appelons "les sociétés modernes".
Sinon, à quoi d'autre?

[Y.L.]

C'est peut-être cette négation de la psychologie en politique qui fait l'échec assuré, y compris sous la forme d'une confiscation, des révolutions.
Elles se heurtent à l'invariant humain qui est l'autonomie, dissimulée, de la pensée.