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vive les sociétés modernes - abécédaire
7 avril 2010

O comme OMC (Organisation Mondiale du Commerce, 1995)

OMC: organisation mondiale des paradoxes.

Présentée comme une amélioration par rapport aux anciens accords commerciaux de libre échange du G.A.T.T ((General Agreement on Tariffs and Trade), la nouvelle institution en se dotant d’un organe officiel de règlement des différends : O.R.D laissait entrevoir un semblant de régulation dans un monde de libre échange.

Les objectifs de l’organisation du commerce mondial sont bien connus ;

  - Premièrement faire baisser les tarifs douaniers, les quotas et les subventions pour offrir les prix les plus bas à l’ensemble des pays participants. Ce postulat hérité de la théorie des avantages comparatifs de Ricardo constitue encore la doxa d’un monde où les échanges de biens et de services ont portant perdu toute légitimité nationale.

   - Second objectif : développer le commerce multilatéral pour permettre la libre concurrence et la vérité des prix. Or le commerce international s’organise autour de zones de libre échange : Europe (UEE), Amériques (ALENA), Asie( ASEAN ). Qui peuvent être considérées par certains comme des îlots de protectionnisme.

Ceci expliquerait un premier paradoxe : si l’O.R.D. est de moins en moins saisie, ce n’est pas que les différends disparaissent, c’est au contraire que les accords bilatéraux se multiplient.

Un second paradoxe réside dans la formalité du règlement des différents. Selon un principe de droit restitutif cher à E.Durkheim, le pays lésé trouve réparation en imposant des restrictions commerciales au pays fautif. Cette justice bilatérale est étonnante autant dans son principe que dans son objet.

Enfin l’OMC, même si elle cherche à réguler les échanges de services, n’a pas de compétences particulières sur ce qui constitue le gros des transferts de capitaux : la mondialisation financière coupée de l’économie réelle.

            Reconnaissant que si les capitaux pouvaient circuler, alors la spécialisation perdrait tout son sens (thèse de la baisse tendancielle des taux de profit reprise par Marx), Ricardo n’aurait pas imaginé possible une régulation à l’échelle mondiale. De ce fait, il semble qu’Adam Smith, que l’on a souvent présenté comme un benêt lorsqu’il parlait d’avantages absolus pour justifier la spécialisation soit au cœur de la logique des échanges internationaux. Véritable manufacture d’épingles internationale, l’économie mondiale est un atelier où la division du travail opère avec la même virtuosité que celle décrite dans la richesse des nations.

En ce sens les échecs des derniers accords de Doha montreraient que le dépérissement de l’institution réside dans l’incapacité à maîtriser la première des marchandises, le travail.

.

Guy Braun (sciences économiques)

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Commentaires
Y
"sur le plan commercial, le freinage est sensible. Les États-Unis ont décidé de faire leur deuil d'un accord multilatéral à l'OMC, et sont plus que jamais désireux de promouvoir leurs intérêts commerciaux à travers un mercantilisme bilatéral. Au demeurant, et face à la Chine, par exemple, la réévaluation de la monnaie chinoise leur semble bien plus importante que l'ouverture additionnelle des marchés des pays émergents.."<br /> "Obama, un multilatéralisme bien tempéré" par Zaki Laïdi, Directeur de Recherche au centre d'études européennes de Sciences Po, Le Monde daté du 8 Avril 2010, pages Débats, 19
F
Certes, et avant tout, cet article a le mérite de poser des questions essentielles sur les échanges internationaux et sans les limiter au commerce des biens.<br /> En revanche n'est-il pas trop dubitatif sur le rôle de l'OMC?<br /> Peut-être ne rappelle-t-il pas assez son histoire, son fonctionnement ou ses réussites?<br /> Sans faire toute sa longue et complexe histoire on peut indiquer que l'OMC est née en 1995 comme "héritière" du GATT (General Agreement on Tarifs and Trade), signé en 1947 à Genève(comme accord provisoire!)après la Conférence de La Havane.<br /> L'OMC comprend aujourd'hui environ 150 états membres; il est dirigé par Pascal Lamy, un français de tendance socialiste; il fonctionne dans la transparence; et surtout ses décisions sont prises à l'unanimité car il s'agit moins d'une organisation supranationale que d'une structure inter-étatique.<br /> L'OMC sert de cadre pour alléger et harmoniser les politiques douanières et d'arbitre des différends d'ordre commercial entre les pays signataires. On ne peut lui demander plus.<br /> Même si ses efforts n'ont pas toujours été couronnés de succès, on peut lui reconnaître un certain rôle (voire un rôle certain) dans le formidable développement du commerce international depuis le dernière guerre.<br /> Bien sûr l'auteur a raison de souligner que les états se sont organisés en grandes zones de libre échange à l'instar de l'Union Européenne (qui est un peu plus qu'une simple ZLE); il a également raison d'indiquer que les relations bilatérales persistent mais il ne faut pas omettre qu'elles se font dans le cadre général fixé par l'OMC; enfin il a aussi raison de souligner que des facteurs de production comme le travail ou les capitaux n'entrent pas dans son champ direct.<br /> Rappelons toutefois que pour le travail il existe une institution spécialisée : l'OIT et que pour les capitaux des conférences comme celles du G20 cherchent à trouver des solutions.<br /> Sur le fond l'auteur de l'article semble opposer la théorie smithienne des avantages absolus à celle, ricardienne, des avantages comparatifs. Bien que connaissant l'une et l'autre j'avoue ne pas bien percevoir son raisonnement et les conclusions qu'il en tire. Je ne pense pas être le seul. Pourrait-il avoir l'amabilité de nous éclairer sur ce point?<br /> De façon générale, sur ce sujet comme sur les autres, je suis assez "rawlesien". La vraie question, hic et nunc, n'est-elle pas : le monde irait-il mieux sans l'OMC?<br /> Certes l'OMC ne règle pas tout, mais existe-t-il une proposition pour la remplacer de façon supérieure, une autre forme concrète et immédiate d'organiser les échanges internationaux dans le monde tel qu'il est?<br /> L'Organisation Mondiale du Commerce est une institution internationale à la fois très "connue" et souvent très décriée (en termes marketing elle jouit d'une grande notoriété et d'une mauvaise image, elle n'a pas "bonne fame").<br /> On lui reproche au mieux de ne servir à rien et au pire d'être nuisible. L'OMC serait inutile, coûteuse et malfaisante. Tantôt présentée, dans une sorte de théorie du complot, comme un instrument aux mains de lobbies notamment des états les plus puissants ou des grandes firmes multinationales, tantôt contestée dans ses fondements par ceux qui voient dans le commerce international non un facteur de croissance économique mais une arme des grandes puissances pour assujettir les faibles, tantôt décriée par les partisans d'un marché mondial absolu comme un empêcheur de commercer totalement librement, l'OMC concentre un flot de critiques variées et pas toujours cohérentes.<br /> Sans être un inconditionnel de l'OMC car j'en connais les limites, je crois que son principal mérite réside dans ses efforts pour organiser le mieux possible le commerce mondial sur une base égalitaire où chaque état membre a une voix et d'être ainsi un lieu de "confrontation" positive.<br /> Frédérick VAN GAVER
S
Elles font ressortir l'utilité de ces institutions qui atténuent l'arbitraire et le rôle de la force dans les relations internationales. Les égoismes nationaux ne disparaissent pas, mais leur expression est contenue.<br /> La motivation de leur création et de leur mode de fonctionnement est plus "libérale" qu'il n'y parait. Car l'arbitraire fondé sur la puissance rencontre les rétorsions diverses que les faibles ont la légitimité d'opposer aux forts.
P
sur 64 plaintes déposées contre les USA devant l'Organe de Règlement des Différents de l'OMC, 59 décisions définitives donnèrent raison aux plaignants et 5 au défendeur; et sur 27 plaintes déposées par les USA, 24 fois l'ORD donna raison aux USA et 5 fois à leurs adversaires.<br /> (chiffres donnés par Michel Rainelli dans son livre "L'OMC", La Découverte)
P
je suis sans doute bien naïf mais je trouve a priori positive l'existence d'un organisme qui a pour mission d'encadrer les échanges commerciaux internationaux, de lutter contre les pratiques déloyales et de règler les conflits commerciaux entre pays-membres.<br /> <br /> sur ce dernier point, j'ai essayé de voir comment avait statué l'ORD dans les conflits opposant une grande puissance économique et un pays en voie de développement ou émergent: je n'ai pas constaté que la grande puissance l'emportait systématiquement; ce serait même plutôt le contraire (les USA ont perdu notamment contre le Vénézuela, le Brésil, le Costa-Rica, l'Inde, la Malaisie, la Thaïlande, le Pakistan); un bilan plus précis serait intéressant.
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  • Cet abécédaire est élaboré progressivement. Les contributions proviennent d'horizons (professionnels, disciplinaires, philosophiques...) divers. Il voudrait être un témoignage sur notre époque.
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