O comme OMC (Organisation Mondiale du Commerce, 1995)
OMC: organisation mondiale des paradoxes.
Présentée comme une amélioration par rapport aux anciens accords commerciaux de libre échange du G.A.T.T ((General Agreement on Tariffs and Trade), la nouvelle institution en se dotant d’un organe officiel de règlement des différends : O.R.D laissait entrevoir un semblant de régulation dans un monde de libre échange.
Les objectifs de l’organisation du commerce mondial sont bien connus ;
- Premièrement faire baisser les tarifs douaniers, les quotas et les subventions pour offrir les prix les plus bas à l’ensemble des pays participants. Ce postulat hérité de la théorie des avantages comparatifs de Ricardo constitue encore la doxa d’un monde où les échanges de biens et de services ont portant perdu toute légitimité nationale.
- Second objectif : développer le commerce multilatéral pour permettre la libre concurrence et la vérité des prix. Or le commerce international s’organise autour de zones de libre échange : Europe (UEE), Amériques (ALENA), Asie( ASEAN ). Qui peuvent être considérées par certains comme des îlots de protectionnisme.
Ceci expliquerait un premier paradoxe : si l’O.R.D. est de moins en moins saisie, ce n’est pas que les différends disparaissent, c’est au contraire que les accords bilatéraux se multiplient.
Un second paradoxe réside dans la formalité du règlement des différents. Selon un principe de droit restitutif cher à E.Durkheim, le pays lésé trouve réparation en imposant des restrictions commerciales au pays fautif. Cette justice bilatérale est étonnante autant dans son principe que dans son objet.
Enfin l’OMC, même si elle cherche à réguler les échanges de services, n’a pas de compétences particulières sur ce qui constitue le gros des transferts de capitaux : la mondialisation financière coupée de l’économie réelle.
Reconnaissant que si les capitaux pouvaient circuler, alors la spécialisation perdrait tout son sens (thèse de la baisse tendancielle des taux de profit reprise par Marx), Ricardo n’aurait pas imaginé possible une régulation à l’échelle mondiale. De ce fait, il semble qu’Adam Smith, que l’on a souvent présenté comme un benêt lorsqu’il parlait d’avantages absolus pour justifier la spécialisation soit au cœur de la logique des échanges internationaux. Véritable manufacture d’épingles internationale, l’économie mondiale est un atelier où la division du travail opère avec la même virtuosité que celle décrite dans la richesse des nations.
En ce sens les échecs des derniers accords de Doha montreraient que le dépérissement de l’institution réside dans l’incapacité à maîtriser la première des marchandises, le travail.
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Guy Braun (sciences économiques)