Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
vive les sociétés modernes - abécédaire
8 décembre 2006

Filiations

" Nos ancêtres les Gaulois "

Je ne sais si les enfants apprennent encore cette histoire. Le prétendu ridicule et le caractère aujourd’hui "politiquement  incorrect" de la formule ont peut-être fini par en avoir raison.

Et pourtant était-elle, est-elle si ridicule ?

Sans doute, pour ceux qui ne reconnaissent pas de filiation autre que naturelle (ou le seul droit du sang). Mais pour nous, qui confessons la possibilité, la légitimité des filiations adoptives ?

La grande majorité des Français n’ont jamais eu les Gaulois pour ancêtres naturels (mais plutôt les Francs, ces Germains qui ont envahi la Gaule à partir du Ve siècle), mais ils les ont adoptés ; comme un enfant adoptif doit à son tour adopter la famille qui est devenue la sienne.

Pourquoi d’autres Français (et surtout les plus jeunes) venus d’Afrique, d’Asie, d’Amérique… seraient-ils ridicules en acceptant à leur tour d’être des enfants adoptifs des Gaulois ? 

Publicité
Publicité
Commentaires
P
Merci pour ce commentaire informé. Deux remarques en réponse :<br /> 1. Je te concède le caractère désuet et équivoque de la référence à « nos ancêtres les Gaulois » .<br /> 2. En revanche je maintiens la notion de filiation adoptive : elle me paraît le corollaire indispensable au droit du sol et la seule manière de lui donner chair . <br /> Amicalement.
J
"Nos ancêtres les Gaulois...", La formule, c'est vrai, a fini par faire rire, à n'être plus utilisée que par dérision, au nième degré. Mais de quoi riait-on quand on en riait? Il me semble que s'entremêlent des façons bien diverses de sourire. Rires devant la proposition évidemment absurde, de cette belle absurdité qui provoque une joie salutaire: certains sont d'apparence telle qu'on ne peut les supposer descendants de Gaulois.Ce rire-là est logico-métaphysique... Rires devant le volontarisme et le simplisme de l'éducation qui appliquerait à tous les mêmes formules, par exemple à l'enfant du colonisateur et à celui du colonisé. Ce rire-là dénoncerait les illusions et impostures coloniales: il serait donc clairvoyant et libérateur. Mais en même temps, on se rit de l'ambition même d'une visée universaliste de l'éducation: est-ce toujours aussi libérateur? Enfin, il se peut aussi qu'on rie de ceux et celles qui ont pu réciter la leçon alors qu'ils n'étaient, justement, pas enfants de Gaulois. Rit-on du caractère risible de la situation ou de la niaiserie risible de ces enfants qui gobent et répètent comme s'ils ne comprenaient pas. Ne rit-on pas alors de ces petits Noirs en suggérant qu'ils resteront, justement, de grands enfants? Le rire est alors teinté de condescendance et de mépris raciste.<br /> Drôle de formule, certes... mais drôles de rires, aussi, à propos de cette formule. Et drôle d'histoire! L'idée qu'elle revienne au fond à permettre à l'enfant d'adopter son père est très séduisante, Pierre. Mais je souhaiterais en savoir plus sur l'apparition (ou les auteurs) de cette formule... J'y vois un écho (sans doute tardif?)d'une querelle ouverte au début du XVIII ème sur les origines des sujets du Roi de France. Un certain Marquis de Boulainvilliers (sauf erreur)assurait que les paysans et la bourgeoisie étaient issus des Gaulois et que la noblesse, elle, descendait des Francs dont elle avait sans doute reçu en héritage la valeur au combat...De là à se fabriquer une typologie des apparences, avec plébéiens trapus et moustachus et aristocrates grands et blonds, il n'y a qu'un pas.<br /> Enseigner la mémoire de "Nos ancêtres les Gaulois" a pu sembler une réponse à cette thèse de l'héritage génétique au service de la justification de la division de la société en ordres. Mais la formule repose encore sur l'idée que ce qui fonde l'unité et l'identité de la nation, c'est l'origine, que la citoyenneté est dans le sang. En ce sens, elle me paraît contradictoire avec les principes de la République à la française et je ne la regrette certes pas. Mais on peut l'abandonner tout en maintenant la nécessité de faire connaître qui étaient ceux et celles qui avant nous ont vécu ici ou y sont passés, pourquoi et comment les lieux, les usages et les lois ont été par eux créés et transformés. Et de le faire connaître à tous, ne serait-ce que pour savoir que nous ne sommes ni plus malins ni plus sots que ceux qui nous ont précédé.
J
Excellent Pierre. Genial même.<br /> JJ
vive les sociétés modernes - abécédaire
  • Cet abécédaire est élaboré progressivement. Les contributions proviennent d'horizons (professionnels, disciplinaires, philosophiques...) divers. Il voudrait être un témoignage sur notre époque.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Derniers commentaires
Publicité