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vive les sociétés modernes - abécédaire
31 octobre 2006

Adversaires et ennemis.

Dans une démocratie, il serait bon de ne pas traiter de la même manière tous ceux que l’on peut être amené à combattre. En particulier, considérer comme des ennemis des adversaires dont on sait par ailleurs qu’ils sont démocrates est regrettable. Il ne faudrait traiter comme ennemis que les adversaires de la démocratie elle-même. Mettre sur le même plan un démocrate et un ennemi de la démocratie est insoutenable théoriquement mais surtout funeste : comment ne pas voir qu’une telle pratique est dangereuse pour la démocratie elle-même ? Or il n’est pas si difficile de distinguer un démocrate et un ennemi de la démocratie : est démocrate celui dont on ne peut douter qu’arrivé légalement au pouvoir, il l’abandonnera s’il est battu aux élections (présidentielles ou législatives) suivantes ; est ennemi de la démocratie celui dont on peut craindre qu’arrivé légalement au pouvoir, il sera prêt à mettre tout en œuvre pour le conserver, par exemple en utilisant tous les prétextes pour éviter d’organiser de nouvelles élections : la démocratie est d’abord la possibilité pour un peuple de déposer ceux qui le gouvernent sans effusion de sang . L’alternance politique est la preuve par le fait que la droite et la gauche modérées, en France, sont démocratiques : il serait temps en conséquence qu’elles parviennent à se considérer comme des adversaires et non plus comme des ennemis.Comme l'écrit K.Popper:"Du point de vue moral, il est parfaitement immoral de considérer ses adversaires politiques comme moralement mauvais ou méchants (et son propre parti comme bon). Cela engendre la haine, laquelle est toujours mauvaise".

Concrètement, cela signifie qu'il est temps, entre démocrates, de cesser, non pas de se combattre, mais de le faire par le discrédit moral , la disqualification intellectuelle ou pire par le dégoût. " Pire " parce qu’un tel dégoût pourrait amener ceux qui l’éprouvent à faire le jeu, pour ne pas " se salir les mains une fois de plus ", d’un vrai fasciste ; mais " pire " surtout parce que cela contribue à banaliser la haine et à maintenir un climat de guerre civile tout à fait hors de propos.

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Commentaires
E
Merci pour votre relance.<br /> Vous aurez sans doute observé qu’à l’expression : "lieu ou les opposés se résolvent", j'ai préféré celle de" « lieu » où les opposés se dissolvent".<br /> Pourquoi ?<br /> Parce que je veux insister sur le fait que ce lieu de résolution de l’inadéquation à la situation, de l’inopportunité de l’attitude agressive, de l’enfermement dans une position mentale d’ennemi, ne se trouve pas avec facilité ; ce « lieu », d’abord utopique (c'est-à-dire qui n’a pas de lieu concret où trouver place), peut comme vous le signalez rester virtuel, ne pas entrer en existence.<br /> - Lorsque nous prenons l’habitude de nous placer dans ce que vous nommez avec justesse : "une attitude positive", nous avons des chances de découvrir pour nous-même ce « lieu » où les contrastes se dissolvent, c'est-à-dire qu’ils disparaissent. Cela ne veut pas dire que les reliefs de la vie disparaissent, que les jeux d’ombre et de lumière ne sont plus ; cela veut dire que nous ne voyons pas (ou plus) les choses dans des opposites, mais dans des complémentaires qui sont à proprement parler le jeu de la vie.<br /> Donc, et pour reprendre votre propos, je dis oui, c’est en soi qu’il est possible de trouver cette « zone » de paix… durable.<br /> Pas une paix « armée » genre équilibre des forces en présences et camouflant derrière des belles paroles lénifiantes et faux-culs, l’envie d’en découdre ou, pour le moins, de dominer l’autre.<br /> <br /> Alors pacifisme ? <br /> Je dirais non, plutôt : Paix intérieure pouvant selon l’accueil des circonstances, s’installer dans une citoyenneté alors qualifiable d’universelle.<br /> Je dis : C’est possible!<br /> Et je suis d’accord avec vous pour souligner que passer de la possibilité à l’acte plus ou moins généralisé n’est pas aisé ! !
Y
Je suis d'accord avec votre philosophie. Par contre, comme il est peu probable de "trouver où les opposés se résolvent", il faut le plus souvent opter pour la simple tolérance d'une opinion différente, malgré la douleur qu'on éprouve. La paix d'une société repose sur une proportion suffisante, non pas d'indifférence, mais d'une sorte de pacifisme, de refus de la haine, de l'invective, de l'insulte.<br /> On peut trouver cette force en soi, il me semble.
E
Dans le cas particulier que vous citez, vu l'ampleur du phénomène et les enjeux de civilisation, il y avait lieu en effet de « choisir » son camp. <br /> Dans mon propos je parle d’une attitude d’esprit, d’une philosophie, de positionnement en soi-même ; je ne parle pas d’attitude à tenir vis-à-vis d’une menace concrète face à quelqu’un ou un système totalitaire qui vous menace.<br /> Ce que je voulais dire, c’est que d’une manière générale, il est bon pour soi-même et les autres, de chercher et tâcher de trouver le lieu où les opposés se résolvent. <br /> Sinon, le combat ne cesse jamais, nous restons dans la dualité et nous contribuons en permanence à favoriser les affrontements mortifères, et les comportements meurtriers.<br /> En termes de kabbale bien conçue et vécue, cela s’appelle l’Union des contraires, pratiquer le Corban.  Pour en savoir plus, voir l’œuvre de la Kabbaliste Dominique Aubier, suivre ce lien : <br /> On peut me rétorquer que je prône là une attitude utopique (donc vouée à ne pas trouver de lieu où se concrétiser) et bien je dis pourquoi ne pas essayer ?<br /> Qui sait : Les temps sont peut-être murs, ici où là sur la planète – Ne disons pas partout ! –, pour rendre possible, démarrer et développer une citoyenneté autre basée sur de tels critères.
P
Merci des précisions que vous apportez.Il me semble toutefois que si c'est une erreur de considérer des adversaires comme des ennemis, c'en est une également de traiter des ennemis comme de simples adversaires(les nazis étaient-ils de simples adversaires?). Bref je crois essentiel de distinguer partenaires, adversaires et ennemis.<br /> Je veux penser que les ennemis sont rares, mais peut-on nier qu'ils puissent exister?
E
Oui se placer en ennemi des ad-versaires rencontrés dans la vie est à l'origine de bien des conflits.<br /> Il est une autre attitude, plus Citoyenne (écrit avec un grand C car il s’agit d’une attitude qui dépasse, transcende l’attitude citoyenne habituelle source de querelles et affrontements stériles incessants) qui consiste à regarder en soi ce qui dérange dans l’aspect que présente l’autre dans ses différences.<br /> Considérer et désigner l’autre comme « mal » et soi comme « bien », place dans des catégories partielles voire partiales et bloque l’enrichissement par le dialogue. <br /> Le faire ensemble s’en trouve tronqué.<br /> Ne pas se laisser vaincre par l’Adversaire (pris en tant qu’archétype fonctionnel dans l’économie humaine) le transforme en Allié (considéré aussi en tant qu’Archétype, dans l’utilisation que j’en fais ici) dans notre économie de vie personnelle.<br /> C’est plus cool !!
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  • Cet abécédaire est élaboré progressivement. Les contributions proviennent d'horizons (professionnels, disciplinaires, philosophiques...) divers. Il voudrait être un témoignage sur notre époque.
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